Le plan de trésorerie est un outil clé de la gestion financière des entreprises, tout particulièrement pour les PME et TPE.
Il permet de suivre l’évolution des flux de trésorerie, d’anticiper les besoins en liquidités et d’assurer la solvabilité à court terme.
Le plan de trésorerie est un document prévisionnel qui synthétise les recettes et les dépenses sur une période donnée, généralement mois par mois.
Ensemble, nous allons voir en détail ce qu’est un plan de trésorerie, quelle est son importance au sein de la gestion d’entreprise, comment le construire et quels sont les défis liés à son élaboration.
Qu’est-ce qu’un plan de trésorerie ?
Le plan de trésorerie est une projection des flux de trésorerie d'une entreprise, c'est-à-dire des entrées et sorties d’argent sur une période donnée, en général mois par mois.
Il permet de prévoir les liquidités disponibles, et de s'assurer que l'entreprise peut faire face à ses obligations financières en ayant les flux d’entrée nécessaires pour faire face à son activité.
1) La trésorerie n’est pas le résultat comptable
Il est crucial de comprendre que la trésorerie n’est pas synonyme de résultat comptable.
Le résultat comptable reflète la rentabilité d’une entreprise en calculant la différence entre les revenus et les charges.
La trésorerie, quant à elle, correspond aux flux d’argent réel, c’est-à-dire aux encaissements et décaissements effectifs.
Une entreprise peut être rentable, mais en difficulté de trésorerie.
C'est le cas, si elle ne perçoit pas ses paiements à temps, ou si elle doit faire face à des sorties de fonds importantes à court terme.
En effet, sur le compte de résultat, les ventes et les charges sont comptabilisées dès la facture émise, ou même auparavant avec les charges et produits constatés d’avance.
Il ne prend donc pas en compte ni le paiement effectif des charges, ni les rentrées effectives de ventes.
Les délais de paiement ne sont donc pas pris en compte, ni les défauts de paiement.
De plus, le compte de résultat concerne l’activité, et non les différentes opérations qui entourent l’activité.
Par exemple :
Une entrée en capital ne se verra pas sur un compte de résultat, tout comme le remboursement de l’amortissement des prêts.
Pareillement, le compte de résultat ne montrera pas le paiement des investissements.
Il affichera seulement une dotation aux amortissements sur plusieurs années.
Enfin, le compte de résultat est hors taxes, c’est-à-dire qu’il n’incorpore pas les flux de TVA.
En effet, votre TVA sur les achats et ventes est enregistrée dès la facturation.
Et le paiement de la TVA résiduelle (différence entre la TVA sur ventes et TVA sur achats) est versé aux impôts ultérieurement, au mois ou au trimestre.
Ce jeu de la TVA est en général bénéfique aux entreprises qui dans la plupart des cas ont une TVA résiduelle positive.
Dans notre guide du business plan, le plan de trésorerie a été monté HT pour des raisons de facilité :
Modèle du Plan de financement complet
Maitrisez les cash flows de votre activité.
En effet, il est complexe d’établir par avance le taux de TVA moyen qui sera appliqué dans les achats, et parfois même dans les ventes si elles n’ont pas été affinées avant.
Vous pourrez retrouver toutes les différences entre le plan de trésorerie et le compte de résultat dans l’ouvrage "Financial Management" de Eugene Brigham et Michael Ehrhardt.
2) La trésorerie est en temps réel
Vous l’aurez compris, la trésorerie comptabilise les flux monétaires au moment où ils sont effectivement passés.
Elle prend donc en compte les délais fournisseurs et clients.
- En B to C l’avantage est considérable quand le client paie au moment de l’achat, avec donc aucun délai, et lorsque les achats se font à flux tendus.
- En B to B, les délais de paiement deviennent les mêmes, soit 30 jours fin de mois, que ce soit en achats ou en ventes.
Il devient alors évident que le nombre de jours de stocks a un impact considérable sur la trésorerie.
Un supermarché bénéficie d’une trésorerie beaucoup plus flexible, grâce à des paiements clients immédiats et une rotation rapide de son stock.
Cela contraste avec un fabricant de fromage, dont le produit nécessite 12 mois d’affinage.
Le plan de trésorerie a donc l’avantage, en comptabilisant en temps réel les rentrées et sorties d’argent, de prendre en compte l’impact des délais et des jours de stock.
Cet impact revêt une importance cruciale pour les TPE et PME disposant d’une trésorerie bien plus limitée.
Pourquoi un plan de trésorerie est-il indispensable ?
Le plan de trésorerie est un élément indispensable du plan financier, du business plan, mais également tout au long de l’activité de votre entreprise.
Il permet une lecture claire des flux de trésorerie prévue et de votre capacité à maintenir un équilibre de ces derniers, à court et moyen terme, pour éviter les éventuelles problèmes de trésorerie.
1) Anticiper les décalages de trésorerie
L’une des raisons principales d’élaborer un plan de trésorerie est de prévoir les éventuels décalages entre les entrées et les sorties d’argent.
De nombreuses entreprises, en particulier celles qui vendent à crédit, peuvent se retrouver dans une situation où elles ont des créances non encore perçues, alors que des paiements urgents sont à effectuer.
Cela peut conduire à un besoin de financement temporaire, que l’entreprise peut anticiper grâce au plan de trésorerie.
Aussi, une entreprise qui a des délais de production élevés, ou des jours de stock élevés, verra un décalage de trésorerie entre ses sorties et rentrées d’argent.
Il est donc essentiel, pour la plupart des activités, de prévoir ces décalages de trésorerie en ayant les fonds suffisants pour y faire face.
Également, cela est essentiel en cas d’investissements, qui vont réclamer une somme à décaisser importante, mais dont le retour sur investissement peut prendre plusieurs années.
Dans ce cas, le financement doit se faire au sein du fonds de roulement, c’est-à-dire via les capitaux, les réserves et les emprunts de plus d’un an, et non via l’exploitation.
Sinon, cela risque d’affecter gravement la trésorerie et de déséquilibrer la structure de bilan de votre activité.
2) Aider à la prise de décision
Le plan de trésorerie permet également d’éclairer les décisions stratégiques, que ce soit lors de la création de l’activité au sein du plan financier ou du business plan.
Il joue aussi un rôle important chaque année dans l’élaboration du budget prévisionnel.
Par exemple :
Une entreprise peut prévoir une rentrée d’argent importante dans six mois grâce à la signature d’un contrat majeur.
Cependant, si elle rencontre actuellement une trésorerie insuffisante, elle pourra décider de reporter certains investissements.
Elle pourrait également envisager de négocier un crédit de court terme avec sa banque pour pallier un éventuel déficit.
Autre cas, le plan de trésorerie permet de mettre en exergue les délais qui mettent à mal la trésorerie.
Une attention particulière à la performance financière aide également à anticiper ces décalages, permettant ainsi des ajustements plus précis des flux de trésorerie.
En les analysant, on pourra :
- Mettre en place des actions correctrices pour réduire les délais de stocks en affinant les besoins clients et les analyses de vente ou en passant en flux tendus
- Renégocier avec les fournisseurs des délais plus avantageux
- Ou bien mettre en place une politique de recouvrement de créances plus active.
3) Avoir un argument clé pour les banques et investisseurs
Lorsqu'une entreprise souhaite obtenir un prêt bancaire ou attirer des investisseurs, il est de bon ton de joindre au plan financier du business plan, le plan de trésorerie.
Il prouve que l’entreprise a une vision claire de ses besoins de trésorerie et qu’elle sait anticiper les risques financiers.
Ce document est souvent jugé comme un indicateur de la bonne gestion financière de l’entreprise.
Le plan de trésorerie et son suivi sont également de bons indicateurs pour les banques et les investisseurs en cours de vie de votre activité.
Ils permettent d’argumenter vos besoins financiers et de justifier un bon équilibrage futur à court ou moyen terme.
Comment construire un plan de trésorerie ?
Le plan de trésorerie se construit en plusieurs étapes.
Il est aussi bâti en étroite collaboration avec le plan d’investissement, le plan de financement, le bilan et le compte de résultat.
En effet, il récupère des informations auprès de tous ces autres éléments comptables.
1) Étapes préliminaires
Avant d'élaborer un plan de trésorerie, il est important de collecter des informations précises sur les entrées et sorties prévues.
Cela inclut :
- Les prévisions de ventes, mois par mois, en tenant compte des délais de paiement des clients, et éventuellement pour les activités les plus sensibles, des pertes irrécouvrables sur créance.
- Toutes charges opérationnelles, y compris les achats, les frais généraux, les salaires, les charges sociales, les frais de location, etc. en prenant en compte le délai de paiement des fournisseurs.
- Les investissements prévus (achats d’équipements, logiciels, mobilier, etc.) dans leur intégralité au moment du paiement.
- Le versement des crédits ainsi que les remboursements d'emprunts et autres engagements financiers.
- Le versement des capitaux et autres dépôts de comptes courants d’associés, mais également le versement des dividendes et le remboursement des comptes courants d’associés.
2) Modèle de plan de trésorerie
Un plan de trésorerie est généralement présenté sous la forme d'un tableau où figurent :
L’exploitation :
- Les encaissements (recettes) : les ventes, les subventions d’exploitation, etc.
- Les décaissements (dépenses) : salaires, charges, paiements des fournisseurs, impôts, etc.
Le hors exploitation :
- Les encaissements (recettes) : les subventions, les apports en capital, les prêts obtenus, le paiement des dividendes, des placements dans d’autres sociétés, etc.
- Les décaissements (dépenses) : les remboursements d’emprunts, les investissements, le paiement des dividendes, les investissements dans d’autres sociétés, etc.
Le solde de trésorerie est calculé mois par mois en fonction de ces flux.
Le modèle classique se présente ainsi :
- La période, mois par mois, en colonnes, avec tous les encaissements et décaissements d’exploitation et hors exploitation
- La première ligne présente le solde de début de période
- La dernière ligne présente le solde en fin de période, soit la trésorerie nette, qui correspond à la différence entre les encaissements et les décaissements
3) Logiciels et outils
Il existe de nombreux logiciels spécialisés pour l'élaboration d'un plan de trésorerie.
Il y a bien évidemment Excel, qui est largement utilisé pour créer des tableaux prévisionnels, car facile d’accès.
Il existe aussi des outils beaucoup plus élaborés dans les logiciels comptables comme Sage ou QuickBooks.
Ceux-ci permettent d’automatiser certaines tâches et de suivre en temps réel les flux de trésorerie.
Les problématiques liées au plan de trésorerie
Malgré une élaboration soignée de votre plan de trésorerie, vous n’êtes pas à l’abri de déconvenues concernant vos flux de trésorerie prévues et futures.
1) Incertitudes et hypothèses
L'un des principaux défis dans l'élaboration d'un plan de trésorerie réside dans la difficulté à prévoir avec précision les encaissements et décaissements futurs.
D’une part, beaucoup de montants restent approximatifs dans la plupart des cas, à moins d’une élaboration très précise, détaillée et documentée de votre business plan et de son plan financier.
De plus, les prévisions peuvent être erronées en raison des délais, qui sont souvent plus incertains encore que les chiffres.
En effet, si les délais fournisseurs sont encadrés par la loi et donc relativement prévisibles, la moindre fluctuation des ventes entraîne un délai de stockage supplémentaire.
De plus, les retards de paiement influent directement sur la trésorerie, tout comme des délais de production trop optimistes sur le papier.
Des fluctuations économiques ou des facteurs imprévus peuvent également survenir.
Jean-Marie Carré, expert en gestion financière, souligne dans son ouvrage "La gestion de la trésorerie", que " les hypothèses de départ doivent être régulièrement ajustées pour refléter les évolutions réelles du marché".
2) Gestion des imprévus
Comme nous l’avons vu précédemment, même avec un plan de trésorerie bien élaboré, une entreprise peut être confrontée à des imprévus : perte de clients, augmentation inattendue des coûts, etc.
Pour pallier à ces risques, il est souvent recommandé de prévoir une réserve de trésorerie ou d'anticiper des lignes de crédit disponibles en cas de besoin urgent de liquidités.
3) Optimisation du fonds de roulement
La gestion du fonds de roulement est étroitement liée au plan de trésorerie.
Il est essentiel d’optimiser :
- Le délai de paiement des clients
- Le délai de règlement des fournisseurs
- Le délai de production
- Et le délai de stocks pour éviter une trop forte pression sur la trésorerie
Conclusion
Le plan de trésorerie est un outil indispensable à la gestion financière des entreprises.
Il permet de suivre les flux de trésorerie, de prévoir les besoins de financement et d’anticiper les risques de manque de liquidités.
Pour ce faire, son élaboration et son suivi demandent rigueur et précision, notamment dans les hypothèses de prévision.
Dans un contexte économique incertain, disposer d’un plan de trésorerie solide peut faire la différence entre la réussite et l’échec d’une entreprise.
Afin d’optimiser votre trésorerie et assurer sa gestion, vous pouvez retrouver notre article sur la gestion de trésorerie.