Gestion de trésorerie : Objectifs, enjeux et techniques clés

La gestion de trésorerie est l’un des fondamentaux de la gestion financière en entreprise.

Elle vise à assurer la liquidité nécessaire pour honorer les engagements financiers à court et moyen terme, tout en optimisant l’utilisation des ressources financières disponibles. 

Une gestion efficace de la trésorerie permet non seulement d'éviter les manques de liquidité, mais aussi de maximiser la rentabilité des liquidités en excédent. 

Nous allons voir ensemble ce qu’est la gestion de trésorerie, ses objectifs, ses enjeux ainsi que les principales stratégies et techniques permettant de l'optimiser.

Qu’est-ce que la gestion de trésorerie ?

La gestion de trésorerie consiste à contrôler, surveiller et planifier les flux de trésorerie entrants et sortants afin de garantir que l’entreprise dispose en permanence de liquidités suffisantes pour couvrir ses obligations à court terme.

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Cela implique non seulement de s'assurer que les fonds nécessaires sont disponibles pour les paiements immédiats.

Il est également essentiel de prévoir les besoins futurs de trésorerie en fonction des prévisions d'encaissements et de décaissements.

1) Les flux financiers

Afin de mieux comprendre la gestion de la trésorerie, il est important de visualiser la structure des flux de l’activité.

Il s’agit de décomposer son activité en flux financiers entre les différents postes qui interagissent entre eux, que ce soit côté exploitation ou hors exploitation.

Ainsi, on peut plus facilement saisir ce qui influe positivement ou négativement sur la trésorerie.

Gestion de trésorerie - les flux financiers

Ce flux financier permet de voir :

  • L’équilibre financier de l’activité
  • La solvabilité de l’activité
  • L’autonomie de l’activité
  • L’importance de l’exploitation

2) Le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement

Pour évaluer le niveau de trésorerie nécessaire au bon fonctionnement de l’activité et assurer la solidité de la structure de l’entreprise, une bonne connaissance de son fonds de roulement et de son besoin en fonds de roulement est également nécessaire. 

Le fonds de roulement est la différence entre le flux entrant dans l’entreprise (capital, prêts, réserves) et les investissements (locaux, matériel) qui sont opérés avec ces fonds. 

Il montre la capacité d’une entreprise à financer son activité.

Le fonds de roulement (FR) : passif immobilisé – actif immobilisé

  • Positif, c’est un budget durable disponible pour les besoins futurs de l’entreprise.
  • Négatif, les besoins financiers sur le long terme ne sont pas couverts, au risque d’être insolvable.
  • À l’équilibre, le court terme est assuré, mais pas les besoins financiers à moyen et long terme.

Lorsque l’on entame une activité, on doit engager des dépenses avant même d’avoir vendu quoique ce soit.

On doit acheter du stock, des fournitures, du matériel, louer, faire des travaux, etc. avant même de faire du chiffre d’affaires. 

Le besoin en fonds de roulement est donc un besoin de trésorerie provenant du décalage temporel entre le paiement des charges d’exploitation et l’encaissement des ventes.

Il évalue le montant de fonds nécessaires pour faire fonctionner l’activité en prenant en compte les délais qui entraînent un décalage de trésorerie.

Le besoin en fonds de roulement (BFR) : stock + encours client – encours fournisseurs.

  • S’il est positif, l’activité a besoin de financement pour fonctionner. La majorité des activités sont concernées.
  • S’il est négatif, l’entreprise n’a pas besoin de financement. Par exemple dans les sociétés qui paient leurs fournisseurs à 30 jours fin de mois, mais qui disposent d’une rotation de stock de quelques jours et vendent comptant, comme les hypermarchés.
  • S’il est nul, l’entreprise a un cycle de production qui s’autofinance.
Le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement

La trésorerie est donc la différence entre le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement, entre les flux de financement de l’activité et ses flux d’exploitation.

On comprend alors que la trésorerie est au centre de ces flux et est directement impactée par tout événement de hausse ou de baisse, que ce soit en ressources ou dépenses.

3) Objectifs de la gestion de trésorerie

La gestion de trésorerie a plusieurs objectifs :

  • Préserver ses liquidités : le but premier est de garantir que l’entreprise peut toujours honorer ses dettes à court terme (salaires, paiements fournisseurs, remboursements d’emprunts).
  • Réduire ses risques de liquidité : la gestion de trésorerie permet d’anticiper les moments critiques où l’entreprise pourrait faire face à un manque de liquidités en cas de créances clients trop importantes, des stocks qui explosent ou d’une hausse imprévue des tarifs des fournisseurs.
  • Optimiser ses excédents de trésorerie : Lorsque la trésorerie est positive et stable, la gestion de trésorerie permet de maximiser la rentabilité des fonds disponibles en plaçant les excédents à court et moyen terme dans des placements financiers adaptés.
  • Minimiser ses coûts de financement : Avec des excédents de trésorerie, l’entreprise peut s’autofinancer et limiter le recours aux financements externes coûteux.

L’importance de la gestion de trésorerie pour l'entreprise

La gestion de trésorerie revêt une importance cruciale pour la stabilité et la performance d'une entreprise, ainsi que sa survie. 

Une mauvaise gestion de trésorerie peut entraîner des difficultés financières, voire conduire à la faillite, même pour des entreprises rentables. 

En effet, selon une étude publiée par la Banque de France en 2020, 25% des défaillances d’entreprises sont liées à des problèmes de trésorerie, souvent dus à des décalages entre les encaissements et les décaissements.

1) Prévenir les crises de liquidité

De ce fait, l’une des raisons majeures pour lesquelles une gestion rigoureuse de la trésorerie est indispensable est la prévention des crises de liquidité.

Une crise de liquidité survient lorsqu’une entreprise n'a pas suffisamment de fonds disponibles pour couvrir ses engagements immédiats. 

La gestion de trésorerie permet de prévoir ces situations et d’y remédier par des ajustements stratégiques.

2) Optimiser les ressources financières

Une gestion efficace de la trésorerie ne se limite pas à la préservation des liquidités.

Elle vise également à maximiser le rendement des excédents de trésorerie. 

Les entreprises doivent placer les fonds excédentaires de manière à générer des revenus supplémentaires tout en maintenant la flexibilité financière nécessaire pour répondre aux besoins opérationnels immédiats.

3) Le suivi de la trésorerie nette est insuffisante

La trésorerie n’est pas seulement la somme des soldes bancaires, qui elle, est simplement la trésorerie nette.

Suivre les comptes bancaires permet une gestion de la trésorerie nette à court terme, et uniquement cela. 

La trésorerie est le montant des ressources financières stables et disponibles durablement pour développer l’activité ou faire face aux frais supplémentaires non prévus.

C’est pour cela qu’il est essentiel de suivre régulièrement la trésorerie via un plan de trésorerie pour anticiper les besoins et mettre en place des actions correctives.

4) Une activité rentable n’est pas à l’abri d’une trésorerie déficiente

Même avec un résultat positif, et ce, sur plusieurs années, une activité rentable peut se retrouver avec une trésorerie déficitaire.

Cela peut être dû, par exemple, à de lourds investissements pour développer son activité ou au défaut de paiement d’un très gros client.

Pour les petites entreprises, ce risque est mortel. Mais toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, sont concernées. 

Ce qui nécessite une gestion de la trésorerie minutieuse et une vision à moyen terme la concernant. 

Il est donc essentiel de pouvoir prévoir la trésorerie nécessaire pour accompagner le développement de son activité.

5) Éviter de figer son activité et ses flux financiers

La trésorerie est au centre des flux financiers qui permettent aux différents services de fonctionner.  

Si l’entreprise était un corps humain, la trésorerie en serait son cœur.

Les flux financiers représenteraient les vaisseaux sanguins qui font affluer le sang vers les différents organes, correspondant aux différents postes stratégiques de l’entreprise.

Une activité sans trésorerie se retrouve figée, dans l’incapacité de faire preuve de réactivité. Cela entraîne un allongement des délais et un creusement du déficit. 

Par conséquent, l’activité creuse sa propre tombe, ne pouvant plus financer les postes nécessaires pour continuer son activité (frais de personnel, fournisseurs, stocks…).

6) Convaincre et rassurer les investisseurs et les banques

La gestion de trésorerie intervient automatiquement lors de la négociation avec les partenaires financiers, tels que les banques et les investisseurs. 

Elle concerne également les partenaires commerciaux, comme les clients, les fournisseurs et les prestataires. 

L'objectif est de les rassurer en présentant une trésorerie suivie, bien gérée, avec un prévisionnel cohérent.

Les stratégies de gestion de trésorerie

Il existe plusieurs stratégies de gestion de trésorerie afin que cette dernière soit saine, excédentaire et optimisée.

Toutes ces stratégies sont généralement opérées en parallèle les unes des autres. 

1) Prévision de trésorerie

La première stratégie indispensable à la mise en place de toutes les autres est la mise en place d’un prévisionnel de trésorerie mensuel et de son suivi.

Ce prévisionnel permet donc d’anticiper les entrées et sorties d’argent.

Il sert aussi à identifier les périodes où l’entreprise pourrait manquer de liquidités ou disposer d’excédents.

Ce prévisionnel est nommé le plan de trésorerie que vous pouvez retrouver en détail dans notre article dédié.

Ce plan récapitule l’ensemble des flux de trésorerie attendus sur une période future donnée et prend en compte :

  • Les encaissements prévus (ventes, subventions, versement d’emprunts) 
  • Et les décaissements prévus (investissements, paiements fournisseurs, salaires, charges sociales, remboursements d’emprunts).

Le plan de trésorerie permet d'anticiper les besoins de financement et de préparer des solutions en amont.

Selon un rapport de PwC, les entreprises ayant un plan de trésorerie rigoureux sont 40 % moins susceptibles de rencontrer des difficultés de trésorerie que celles qui n'en disposent pas.

On comprend donc que le plan de trésorerie est à la base de la gestion de trésorerie.

2) Optimisation du besoin en fonds de roulement

Comme nous l’avons vu plus tôt dans cet article, le besoin en fonds de roulement correspond au montant nécessaire pour financer le cycle d’exploitation d’une entreprise.

C’est la différence entre les actifs circulants (créances clients, stocks) et les passifs circulants (dettes fournisseurs). 

Ainsi, optimiser le besoin en fonds de roulement permet de limiter les besoins de financement et de mieux gérer la trésorerie.

Et ceci en agissant sur plusieurs points cruciaux :

2.1) Gestion des créances clients

Une des stratégies de gestion de trésorerie consiste à réduire les délais de paiement des clients.

Les entreprises peuvent :

  • Mettre en place des politiques de relance proactive des créances en retard
  • Choisir de refuser certaines entreprises clientes
  • Négocier des conditions de paiement plus strictes
  • Ou proposer des remises pour paiement anticipé

2.2) Gestion des dettes fournisseurs

Il est également possible d'améliorer la trésorerie en négociant des délais de paiement plus longs avec les fournisseurs.

Cela peut se faire en prenant des engagements d’achat et en signant des contrats annualisés.

Veillons tout de même à maintenir de bonnes relations commerciales pour éviter des tensions. Il ne s’agit donc pas de payer en retard.

2.3) Gestion des stocks

La gestion des stocks est souvent un point de tension très important dans de nombreuses activités.

Le nombre de jours de rotation des stocks impacte directement la trésorerie, et l’entreprise peut sereinement travailler sur ce point en interne, en améliorant les processus d’approvisionnement, de transport, et de stockage. 

De nombreuses sociétés sont passées en flux tendu et ont amélioré toute leur chaîne d’approvisionnement, notamment grâce à la blockchain intégrée à la supply chain. 

2.4) Délai de production

À l’instar de la gestion des stocks, les délais de production impactent directement la gestion de la trésorerie en interne.

Cela incite les entreprises à améliorer continuellement les processus et les outils de production pour optimiser chaque délai sur la chaîne de production.

Ceci passe par l’investissement dans du matériel performant, et l’optimisation de celui-ci via les procédures et l’organisation.

3) Optimisation des excédents de trésorerie

Lorsque l’entreprise dispose enfin de liquidités excédentaires, elle doit chercher à les investir de manière à maximiser leur rendement tout en conservant une certaine flexibilité. 

Il s’agit ici de placer les liquidités excédentaires à court terme sur des comptes à terme ou des instruments financiers à faible risque.

Ceux-ci offrent un rendement modéré tout en garantissant une disponibilité rapide des fonds.

Si votre entreprise est certaine de ne pas avoir besoin de la totalité des fonds excédentaires à court et moyen terme, elle peut envisager des investissements plus longs.

Ces placements offrent des rendements potentiellement plus élevés, mais sans disponibilité immédiate des liquidités.

Selon une étude de Harvard Business Review, les entreprises qui optimisent systématiquement la gestion de leurs excédents de trésorerie génèrent en moyenne 10 % de rentabilité supplémentaire sur ces fonds.

4) Lignes de crédit bancaires et financements à court terme

En cas de prévision d’un déficit de trésorerie, l’entreprise doit avoir accès à des financements à court terme, tels que des lignes de crédit bancaires ou des facilités de caisse. 

Ces instruments permettent de combler les besoins ponctuels de liquidités sans avoir à contracter de prêts à long terme, souvent plus coûteux.

Pour avoir accès à ces facilités auprès des banques et organismes financiers, l’entreprise doit présenter une trésorerie saine et bien gérée.

Elle ne doit avoir aucun défaut de paiement ni de trésorerie défaillante pour pouvoir les négocier.

L’affacturage est également une technique de financement qui permet à l’entreprise de céder ses créances clients à une société d’affacturage en échange de liquidités immédiates. 

Cela permet à l’entreprise de réduire son besoin en fonds de roulement en transformant les créances en cash dès leur émission.

Les techniques de gestion de trésorerie

Voici quelques outils et méthodes qui peuvent faciliter la gestion des flux de trésorerie. 

1) Logiciels de gestion de trésorerie

L’utilisation de logiciels spécialisés dans la gestion de trésorerie est préconisée, car elle permet d’automatiser et de simplifier la gestion des flux financiers.

Des logiciels tels que Sage Trésorerie, Kyriba, ou encore QuickBooks permettent de suivre les encaissements et décaissements.

Ils permettent aussi de prévoir les besoins de trésorerie futurs et de générer des rapports de trésorerie en temps réel, en particulier avec la liaison interbancaire.

2) Centralisation de trésorerie

Dans les grands groupes, la centralisation de la trésorerie (ou cash pooling) est une technique qui permet de consolider la gestion de trésorerie des différentes filiales au sein d’une seule entité.

Cela permet de gérer les excédents et les déficits de trésorerie au sein du groupe en optimisant l’allocation des ressources.

Ainsi les filiales vont toutes se répartir le risque de trésorerie. 

Néanmoins, cette technique est aussi utilisée pour masquer une trésorerie défaillante de la maison mère au détriment de certaines filiales performantes.

3) Comptabilité de caisse

La comptabilité de caisse est une technique qui consiste à enregistrer les transactions lorsqu’elles sont réellement encaissées ou déboursées.

En revanche, la comptabilité d’exercice enregistre les transactions à la date de leur engagement. 

Cette approche permet une vision plus précise des flux de trésorerie réels.

Les logiciels comptables permettent d’effectuer ces travaux de comptabilité de caisse depuis quelques années de manière automatisée grâce à la liaison interbancaire. 

4) Suivi et analyse de trésorerie

Le plan de trésorerie effectué en parallèle du budget prévisionnel, du plan de financement et du plan d’investissement est le premier outil d’analyse de trésorerie. 

Il vient par la suite alimenter le tableau de suivi de trésorerie intégré aux tableaux de bord et reporting

Ainsi, l’entreprise peut rapidement voir l’impact du prévisionnel sur la trésorerie, alors que les plans de financement et d’investissement montrent les besoins de trésorerie futurs.

Le tableau de trésorerie ainsi que de nombreux éléments du tableau de bord, comme le FR, le BFR et les délais et rotations, mettent en exergue les flux de trésorerie.

Ils affichent également leurs écarts par rapport au prévu et mettent en lumière les indicateurs à suivre. 

Conclusion

La gestion de trésorerie est un élément clé de la santé financière des entreprises.

Elle nécessite une approche proactive et un suivi rigoureux pour anticiper les besoins de financement et optimiser l’utilisation des liquidités disponibles.

Elle permet d’assurer la stabilité financière de l’entreprise tout en maximisant les rendements. 

Grâce à la gestion de trésorerie, l’entreprise peut être alertée facilement de toute dérive dans les flux financiers et réagir immédiatement pour redresser sa trésorerie. 

Gilliane Delhaye

A propos de l'auteur

Gilliane est expert en gestion et stratégie. Après 15 années d’expérience en tant que bras droit de dirigeant, directeur financier et responsable du contrôle de gestion, elle a monté en 2020 sa société, Azur Obra, pour accompagner les dirigeants sur la création de leur entreprise et le suivi de leur activité afin de booster leur CA, améliorer leurs marges et optimiser leurs résultats.
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