En gestion de projet, la tendance à se concentrer principalement sur les aspects techniques pousse les chefs de projets à axer leurs efforts sur des activités comme la planification, la gestion des risques, le suivi des délais et du budget et la communication avec les parties prenantes.
Bien que cruciaux pour la bonne conduite d’un projet, ces seuls aspects ne suffisent pas ou plus, et un élément fondamental est souvent sous-estimé : il s’agit de l’intelligence émotionnelle.
En effet, les projets ne sont pas seulement définis par des plannings et des objectifs .
Derrière chaque tâche, chaque décision et chaque délai, il y a des individus avec leurs propres émotions, préoccupations, motivations et résistances.
Si ces éléments humains sont ignorés, cela peut entraîner des tensions, des conflits, voire des échecs de projet.
L’intelligence émotionnelle, qui inclut la capacité à comprendre et à gérer ses propres émotions tout en étant attentif aux émotions des autres, joue un rôle décisif dans la réussite d’un projet.
Nous explorons dans cet article la place de l’IE en pilotage de projet, nous utiliserons des exemples concrets pour montrer l’impact positif que la prise en compte de l’IE peut avoir sur nos projets.
Comprendre l’intelligence émotionnelle en gestion de projet
L’intelligence émotionnelle englobe cinq compétences fondamentales, qui sont essentielles pour un chef de projet.
Ces compétences permettent de comprendre et de gérer les émotions personnelles, tout en étant capable de percevoir et de répondre adéquatement aux émotions des autres, ce qui est crucial dans la gestion de projets complexes.
1) Conscience de soi
Première composante de l’intelligence émotionnelle, la conscience de soi désigne la capacité à reconnaître et comprendre ses émotions, ainsi que leur influence sur ses comportements et décisions.
Dans le contexte de la gestion de projet, un chef de projet ayant une bonne conscience de soi saura quand il est stressé, frustré ou surmené et saura réguler ses émotions de manière appropriée.
Ce qui est essentiel pour prendre des décisions réfléchies et rester calme face aux défis.
Prenons cet exemple :
Lors d'un projet de lancement de produit, un chef de projet fait face à des délais serrés et une pression intense.
En prenant conscience de son stress, il évite de communiquer de manière négative avec son équipe.
Plutôt que de paniquer, il organise un temps d’échange pour exprimer les contraintes du projet de manière constructive et rassurer l’équipe, ce qui permet de maintenir un moral élevé et de respecter les délais de lancement.
2) Maîtrise de soi
La maîtrise de soi est la capacité à réguler ses émotions, en particulier dans des situations stressantes.
Un chef de projet avec une bonne maîtrise de soi est capable de rester calme et rationnel, même lorsque la pression est forte, ce qui permet d’éviter des réactions impulsives qui pourraient nuire au projet.
Prenons ce cas concret :
Dans un projet de développement logiciel, une série de bugs récurrents a frustré l’équipe et mis la pression sur le chef de projet avec le risque de non-respect des délais de livraison.
Plutôt que de réagir en colère ou en paniquant, il a pris du recul, s’est concentré sur la recherche de solutions et a maintenu une attitude calme orientée solution, grâce à un bon développement de son intelligence émotionnelle.
Ceci a permis à l’équipe de garder son calme également et se concentrer sur la résolution des bugs de façon constructive.
3) Motivation
La motivation dans l’IE désigne la capacité à se fixer des objectifs, à surmonter les obstacles et à utiliser la frustration ou les échecs comme sources de motivation pour avancer.
Un chef de projet motivé sera capable d’inspirer son équipe à donner le meilleur d’elle-même, même face à des défis.
Exemple concret :
Lors d’un projet de réorganisation interne, un chef de projet a rencontré une résistance au changement de la part des employés.
Au lieu de se laisser décourager, il a utilisé cette résistance comme une opportunité pour communiquer davantage, clarifier les objectifs du changement et motiver l’équipe en lui montrant comment cette réorganisation apporterait des bénéfices à long terme.
Résultat :
L’équipe a accueilli le changement positivement, et travaille au succès du projet.
4) Empathie
L’empathie est la capacité à comprendre et à percevoir les émotions des autres, à percevoir leurs besoins et à répondre de manière appropriée.
Dans la gestion de projet, un chef de projet empathique peut facilement identifier les tensions dans l’équipe ou entre les parties prenantes et agir de manière préventive pour éviter des conflits.
Prenons cet exemple concret :
Lors d'un projet de déploiement d’une nouvelle technologie, une équipe d’employés a exprimé des préoccupations concernant le changement.
En utilisant son empathie, le chef de projet a pris le temps d’écouter ces préoccupations, d’organiser des sessions de formation et de clarifier les bénéfices du changement.
Cela a permis d’apaiser les craintes et de faciliter l’adoption de la nouvelle technologie.


5) Compétences sociales
Les compétences sociales désignent la capacité à établir des relations positives, à résoudre les conflits et à travailler efficacement en équipe.
Elles jouent un rôle clé dans la gestion des dynamiques de groupe, telles que celles décrites par le modèle de Tuckman, souvent observées dans les équipes projet.
Un chef de projet avec des compétences sociales solides sait comment créer une atmosphère de collaboration et résoudre les conflits qui surviennent inévitablement lors des projets.
Exemple concret :
Dans un projet de fusion d’entreprises, des tensions sont rapidement apparues entre les différentes équipes impliquées.
Le chef de projet a utilisé ses compétences sociales pour désamorcer les conflits en organisant des réunions de médiation, en clarifiant les objectifs communs et en encourageant une collaboration inter- équipes.
Ces efforts ont permis de surmonter les tensions et de continuer les travaux de la fusion.
L’intelligence émotionnelle : un facteur de réussite mesurable
L’intelligence émotionnelle peut être mesurée par des actions concrètes et des résultats tangibles.
Un chef de projet émotionnellement intelligent peut motiver son équipe, résoudre les conflits de manière constructive et renforcer la collaboration.
Cela conduit à une meilleure productivité, une réduction des tensions et une plus grande satisfaction des parties prenantes, des éléments cruciaux pour la réussite d’un projet.
Voici un tableau qui illustre l'intérêt de l'intelligence émotionnelle (IE) dans la gestion de projet et la gestion d'équipe.
Il présente :
- des situations courantes auxquelles un chef de projet pourrait être confronté
- les techniques utilisées pour appliquer l'IE
- les axes spécifiques de l'intelligence émotionnelle abordés
- et les résultats obtenus grâce à son application
Situation 1 : Conflit au sein de l'équipe sur une décision importante
Bonnes pratiques :
Écoute active et gestion des émotions :
Prendre le temps d'écouter toutes les parties et exprimer de l'empathie avant de proposer une solution.
Empathie :
Comprendre les sentiments et perspectives de chaque membre.
Maîtrise de soi :
Garder son calme pour désamorcer les tensions.
Résultats attendus :
- Résolution du conflit de manière collaborative
- Amélioration de la cohésion d’équipe et de la confiance mutuelle
- Les membres se sentent écoutés et respectés
Situation 2 : Un membre de l'équipe démotivé suite à un échec de projet
Bonnes pratiques :
Reformulation positive et encouragement :
Mettre en avant les progrès réalisés et les leçons apprises tout en motivant à rebondir.
Motivation :
Aider à renforcer la résilience et l'optimisme.
Empathie :
Savoir reconnaître la frustration et l'aider à dépasser cette émotion.
Résultats attendus :
- Le membre se sent soutenu et reprend confiance en ses capacités
- Meilleure dynamique de groupe et retour à la productivité après une baisse de moral
Situation 3 : Mauvaise communication entre les membres d'une équipe virtuelle
Bonnes pratiques :
Communication assertive et gestion des attentes :
Clarifier les objectifs et attentes de chaque membre tout en encourageant une communication ouverte.
Compétences sociales :
Favoriser un environnement de collaboration.
Gestion des émotions :
Identifier les tensions et les malentendus et les résoudre rapidement.
Résultats attendus :
- Amélioration de la communication et de la collaboration à distance
- Réduction des malentendus et équipe plus soudée malgré la distance physique
Situation 4 : Sous pression avec des délais serrés et une équipe stressée
Bonnes pratiques :
Gestion du stress et prise de recul :
Organiser des pauses, encourager la respiration profonde et les techniques de relaxation en groupe.
Maîtrise de soi :
Gérer ses propres émotions de stress et transmettre calme et sérénité.
Empathie :
Ressentir le stress des membres et les soutenir dans la gestion de leurs émotions.
Résultats attendus :
- Réduction du stress au sein de l’équipe, augmentation de la concentration et productivité
- Les membres de l’équipe se sentent mieux soutenus et plus résilients

Situation 5 : Un membre d’équipe hésite à partager une idée par peur du jugement
Bonnes pratiques :
Création d'un environnement de confiance et encouragement positif :
Souligner l'importance de toutes les idées et encourager la prise de parole.
Compétences sociales :
Encourager la collaboration et l’expression des idées.
Empathie :
Reconnaître et comprendre la peur du jugement.
Résultats attendus :
- L’équipe devient plus ouverte à la créativité, et les membres se sentent plus en confiance pour partager leurs idées
- Amélioration de la dynamique de groupe
Situation 6 : Changement de stratégie ou de direction du projet, les membres sont frustrés
Bonnes pratiques :
Gestion du changement et communication transparente :
Expliquer le raisonnement derrière le changement, reconnaître les frustrations et proposer des solutions concrètes.
Conscience de soi :
Reconnaître l’impact personnel du changement sur les membres.
Empathie :
Partager la frustration tout en apportant des solutions pour avancer.
Résultats attendus :
- Réduction de la résistance au changement
- Meilleure acceptation des nouvelles directions
- Équipe plus adaptable et cohésive
Situation 7 : Un leader doit gérer un désaccord entre deux membres sur la direction à prendre dans un projet
Bonnes pratiques :
Médiation émotionnelle et résolution collaborative :
Faciliter une discussion constructive où chaque membre peut exprimer ses préoccupations et ses idées.
Compétences sociales :
Utiliser la diplomatie pour guider la discussion.
Empathie :
Comprendre les points de vue des deux membres pour trouver un terrain d’entente.
Résultats attendus :
- Résolution du désaccord dans une ambiance respectueuse
- Renforcement de la collaboration et évitement des tensions futures
Situation 8 : L'équipe est en fin de projet, et la fatigue commence à se faire sentir
Bonnes pratiques :
Renforcement positif et valorisation des efforts :
Célébrer les petites victoires, remercier l’équipe et reconnaître le travail accompli.
Motivation :
Stimuler l’enthousiasme et la motivation en soulignant les progrès réalisés.
Empathie :
Reconnaître la fatigue et adapter les attentes à la situation.
Résultats attendus :
- Augmentation de l’énergie et de la motivation à terminer le projet avec succès
- Les membres se sentent appréciés et plus engagés
Conclusion
L’intelligence émotionnelle, en gestion de projet et de gestion d’équipe, joue un rôle fondamental dans la création d’un environnement de travail sain, productif et collaboratif.
En appliquant des techniques d’écoute active, de gestion des émotions et de motivation, les chefs de projet peuvent améliorer la dynamique de leur équipe, faciliter la résolution des conflits et favoriser un climat de travail positif.
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