Scrum met l’accent sur la rapidité d’exécution mais nous oublions souvent que la livraison rapide d’un produit fonctionnel et sa valeur pour les utilisateurs ne vont pas l’un sans l’autre.
C’est merveilleux de développer rapidement. Mais sans impliquer activement l’utilisateur, votre produit ne répondra pas à ses besoins.
Alors, comment optimiser et exploiter la boucle de rétroaction dans un projet Agile ?
Dans cet article nous verrons ensemble l’importance des feedbacks utilisateurs, comment accélérer leur obtention et comment ils peuvent impacter votre produit final.
L’importance de la boucle de rétroaction dans un projet agile

Comment pouvons-nous créer de bons produits si nous n’échangeons pas avec les utilisateurs réels?
Les boucles de rétroaction ou feedback loops sont des mécanismes qui sont utilisés pour valider et obtenir des feedbacks utilisateurs dans un projet Agile.
L’objectif est d’obtenir à la fois des avis positifs et négatifs qui peuvent être réinjectés dans le processus pour améliorer le produit.
Il n’y a rien de pire que de dépenser beaucoup de temps, d’argent et de ressources sans collecter les retours utilisateurs. Cela engendre un risque important de créer un produit qui ne correspond pas à la demande.
Si le développement d’un projet agile commence par la traduction de la vision du produit en fonctionnalité avec la construction du backlog, il ne faut pas oublier qu’à chaque fin d’itération les fonctionnalités réalisées sont présentées aux parties prenantes.
Ce sont les retours utilisateurs qui alimentent la boucle de rétroaction et ré-ajustent le Backlog de Produit.
Une boucle de rétroaction optimisée vous aide à :
4 techniques pour alimenter sa boucle de rétroaction
Il y a plusieurs moyens d’appliquer une démarche centrée utilisateurs et de recueillir leur avis.
1) Impliquer les utilisateurs lors de la revue de sprint

Invitez les utilisateurs de votre produit à assister aux Sprint reviews.
C’est l’opportunité pour l’équipe de présenter et de valider les nouvelles fonctionnalités auprès de vrais utilisateurs.
C’est aussi un excellent moyen de tester si l’utilisateur comprend le fonctionnement de votre produit.
Remettez lui le clavier et la souris et laissez le utiliser une nouvelle fonctionnalité.
Ne lui expliquez pas ce qu’il doit faire en détails.
Fournissez-lui seulement un objectif que vous souhaitez qu’il atteigne.
Prenons l’exemple d’une application bancaire.
Si la nouvelle fonctionnalité que vous devez tester est l’affichage d’un agenda afin de prendre rendez-vous avec son conseiller, l’objectif à donner est “prendre rdv avec son conseiller”.
Lorsqu’un utilisateur est bloqué ou rencontre un problème, ne l’aidez pas immédiatement.
Demandez-lui plutôt comment il imagine atteindre l’objectif. C’est cette remarque qui va vous aider à perfectionner votre produit.
Il est important de créer un environnement sûr pour que les utilisateurs puissent fournir des commentaires.
Vous remarquerez que les utilisateurs s’excusent rapidement de ne pas pouvoir se repérer dans une fonctionnalité.
Bien que ce soit un problème dans la navigation ou dans le développement du produit, les utilisateurs se sentent souvent «stupides» ou «lents» s’ils n’arrivent pas à le comprendre.
Surtout quand toute une équipe regarde. Alors, restez léger et informel et remerciez les utilisateurs de leur temps.
Dans tous les cas, ces “erreurs” ou ces “échecs” dans la navigation évoquent une problématique dans votre produit qu’il faudra améliorer si vous voulez construire une application à forte valeur ajoutée.
2) Organisez des Guerilla tests
Une autre façon d’appliquer une démarche centrée sur l’utilisateur est d’utiliser une technique appelée «Guerrilla Testing».
Initialement utilisée pour les tests d’expérience utilisateur (UX), l’idée est simple.
Il suffit de pouvoir accéder à un endroit où sont disponibles des utilisateurs potentiels.
Cela peut être la salle à manger de votre entreprise, un centre commercial, un parc ou même un forum sur internet.
Demandez aux gens s’ils peuvent vous consacrer quelques minutes pour vous aider à améliorer un produit.
Encore une fois, le meilleur type de rétroaction provient d’un objectif à réaliser.
Je vous conseille de demander à un utilisateur d’atteindre un but particulier.
Observer comment il fonctionne, par quels pages/clics il passe.
Notez toutes les observations ou commentaires qui lui viennent à l’esprit.
Que ce soit des “oh c’est joli” ou des “euh je n’arrive pas à lire ceci …” tout avis est bon à prendre.
Vous pouvez même filmer la session si cela ne le dérange pas.
Répétez le test avec d’autres personnes. C’est également un excellent moyen de savoir qui sont vos utilisateurs et ce qu’ils recherchent.
Si vous avez contacté des utilisateurs au travers de forums, réseaux sociaux, réalisez des captures d’écrans de votre produit et fournissez leur un questionnaire.
3) Enquêtez sur les User metrics
Bien que les retours directs des utilisateurs soient plus impactants, les mesures des indicateurs de performance offrent une autre approche.
Voici quelques indicateurs de performances intéressants à analyser:
Le nombre de visiteurs uniques :
C’est le nombre de personnes qui utilisent votre produit ou application.
L’utilisation peut être décomposée en intervalles de temps, comme le mois, la semaine ou le jour.
Il s’agit d’une mesure simple et assez approximative, mais il existe de nombreux outils disponibles pour mesurer cela facilement comme Google Analytics.
Le taux de rebond :
C’est le nombre de personnes qui visitent ou utilisent votre produit ou application, mais arrêtent de l’utiliser presque immédiatement.
Un taux de rebond élevé indique que le produit ne correspond pas aux attentes de l’utilisateur.
Le nombre de clics :
C’est le nombre de clics qu’un utilisateur doit effectuer pour terminer une action.
Lorsqu’une équipe développe un produit, elle a tendance à naturellement construire une ergonomie qui lui paraît optimale.
Mais les vrais utilisateurs peuvent expérimenter le produit et sa navigation différemment.
Le taux de conversion :
Il représente le pourcentage de personnes qui terminent un workflow particulier par rapport au nombre total de personnes qui ont démarré un workflow.
Cela peut être un processus d’inscription ou d’achat.
4) Utilisez l’A/B testing
L’A/B testing est une technique où les utilisateurs de votre produit se voient présenter des versions légèrement différentes du même produit.
Une version peut avoir une nouvelle fonctionnalité, tandis que l’autre n’en a pas.
Ou il existe différentes versions d’une nouvelle fonctionnalité.
Pour chaque version, des indicateurs de performances (voir ci-dessus) sont mesurées pour déterminer comment les gens utilisent la fonctionnalité.
L’équipe choisira de mettre en production la version qui fonctionne le mieux.
Attention cette technique est à utiliser seulement pour des fonctionnalités importantes afin de ne pas surcharger le travail des développeurs qui doivent les developper à deux reprises.
Comment raccourcir votre feedback loop ?

Malgré la combinaison de toutes ces méthodes, plus vous attendez pour obtenir les commentaires des utilisateurs, plus il devient difficile de modifier votre produit et votre processus.
Je dirais même qu’attendre jusqu’à la fin d’un sprint est trop long pour solliciter des commentaires.
En effet, le développement de produit est une incarnation de l’effet papillon.
Des changements mineurs, surtout au début des développements, peuvent entraîner de grandes différences par la suite.
Sans possibilité de discuter et de valider les besoins des utilisateurs rapidement et souvent, les développeurs feront inévitablement des hypothèses.
Cela pourrait orienter le produit hors de la trajectoire des besoins utilisateurs.
Ainsi, bien que les équipes agiles comprennent généralement l’importance de recueillir des commentaires après la fin d’un sprint, elles devraient également réfléchir à la manière de collecter des commentaires pendant l’itération.
“D’une manière générale, il est souhaitable qu’une boucle de rétroaction soit aussi courte que possible, afin d’adapter rapidement votre processus. »
Kanban and Scrum – making the most of both, Henrik Kniberg et Mattias Skarin
Une équipe Scrum est un environnement qui permet de réduire la boucle de rétroaction.
C’est une équipe inter-fonctionnelle avec des membres ayant des compétences et des visions différentes.
il est important que les différents rôles dans l’équipe Scrum échangent des commentaires au sujet du produit.
Par exemple, un développeur peut penser qu’une fonctionnalité doit être développée d’une certaine façon et le PO d’une autre.
N’hésitez pas à entourer l’équipe de personnes avec différents domaines d’expertise comme un designer, un leader technique, une experte en accessibilité.
En conclusion
La collecte de commentaires semble être un concept simple que la plupart des entreprises connaissent.
Beaucoup comprennent l’importance de la feedback loop ou boucle de rétroaction.
Cependant peu d’équipes Scrum ont le temps et les ressources pour l’optimiser efficacement.
Suivez ces étapes pour améliorer votre collecte de retours utilisateurs et tenez moi au courant des résultats en commentaires !