Dans le monde dynamique des projets, l'Agilité a révolutionné la manière dont les équipes travaillent et livrent de la valeur. Cependant, le nouveau vocabulaire Agile peut causer des malentendus et compromettre l'efficacité de l'équipe.
Comprendre le vocabulaire Agile va au-delà de la terminologie. C'est saisir l'essence de l'Agilité, renforcer la communication interne et favoriser une meilleure collaboration. Ce vocabulaire n'est pas un jargon complexe, mais un langage qui facilite la compréhension mutuelle des processus et des objectifs de l'équipe.
Dans cet article, nous allons explorer quelques-uns des termes du lexique agile les plus souvent confondus. Nous chercherons à clarifier leurs définitions et différences, à éclairer leur sens et à expliciter leur utilisation dans le contexte d’un projet agile.
Tout d’abord, qu’est ce que l’agilité ?
L'agilité est plus qu'une simple méthodologie de projet ; elle incarne une philosophie, une approche de pensée qui remet au centre des préoccupations la flexibilité, la collaboration et le client.
Elle se distingue par son approche itérative ET incrémentale, où les projets sont divisés en petits morceaux gérables appelés "sprints".
Chaque sprint vise à produire une partie fonctionnelle du produit final.
La communication est un aspect fondamental de l'Agilité. En fait, le Manifeste Agile lui-même valorise "les individus et les interactions plus que les processus et les outils".
Dans cet esprit, l'usage approprié du vocabulaire Agile devient essentiel. Parler le même langage contribue à une meilleure compréhension, à une collaboration plus efficace et à une plus grande clarté dans l'atteinte des objectifs.
Par ailleurs, l'Agilité encourage une culture de l'apprentissage et de l'amélioration continue.
Chaque sprint se termine par une rétrospective, un moment d'introspection où l'équipe examine ce qui a bien fonctionné et ce qui peut être amélioré.
De même, comprendre et apprendre le vocabulaire Agile devrait être un processus continu.
Les termes Agile, bien que spécifiques, ne sont pas là pour complexifier, mais plutôt pour préciser. Ils ont pour but d'encadrer les discussions, de préciser les attentes et de promouvoir une vision commune.
Comprendre ces termes permet d'éviter les malentendus et assure que chaque membre de l'équipe est aligné sur les objectifs.
Les termes agiles couramment confondus
Dans cette section, nous allons parcourir des termes couramment confondus ou utilisés à mauvais escient.
Nuancer pour mieux préciser ce vocabulaire agile améliorera la communication et l'efficacité de votre équipe.
1- Scrum vs kanban
Scrum et Kanban sont deux méthodologies Agile populaires, mais elles sont souvent confondues ou mal interprétées.
Il est essentiel de comprendre leurs différences pour choisir la plus adaptée à votre équipe ou à votre projet ou a minima piocher les pratiques pertinentes pour votre projet.
- Scrum : Est une méthode itérative et incrémentale qui divise le travail en petites unités de temps appelées "sprints". Chaque sprint a une durée fixe, généralement de deux à quatre semaines, pendant lesquelles une quantité prédéfinie de travail est effectuée. La méthodologie Scrum définit des rôles précis (Scrum Master, Product Owner, Equipe de Développement), et des événements clés comme la planification du sprint, la revue du sprint et la rétrospective du sprint
- Kanban : Est une méthode axée sur le flux continu de travail. Il n'y a pas de sprints, pas de rôles définis et pas d'événements formels. Le travail est visualisé sur un tableau Kanban qui affiche les différentes étapes du flux de travail. L'objectif est de limiter le nombre de tâches en cours à chaque étape pour éviter les goulets d'étranglement et améliorer l'efficacité globale.
En résumé, Scrum est idéal pour les équipes qui bénéficient de la structure et des délais fixes, tandis que Kanban est plus adapté aux équipes qui nécessitent plus de flexibilité et une capacité à réagir rapidement aux changements.
2- Product owner vs scrum master
Avec le framework Scrum, deux rôles clés sont souvent mal compris ou confondus : le Product Owner (PO) et le Scrum Master (SM). Bien qu'ils soient tous deux essentiels au succès de l'équipe, leurs responsabilités et leurs objectifs sont distincts.
- Le Product Owner : Est le champion du produit. Il ou elle est responsable de maximiser la valeur du produit et du travail de l'équipe de développement. Le PO possède une vision claire du produit et de ce qu'il doit accomplir pour l'entreprise et le client. Il est le principal responsable de la gestion du product backlog, en priorisant les tâches en fonction de leur valeur et en s'assurant que l'équipe comprend les éléments contenus
- Le Scrum Master : Est le champion de l'équipe et du processus Scrum. Le SM facilite la communication entre l'équipe de développement et le PO, aide à résoudre les obstacles qui peuvent empêcher l'équipe de réaliser son travail, et s'assure que le processus Scrum est compris et suivi. Le Scrum Master n'est pas un chef de projet traditionnel, mais plutôt, selon le guide Scrum, un leader serviteur qui aide l'équipe à s'autogérer et à s'améliorer continuellement. C’est en quelque sorte le préparateur mental de l’équipe agile
En somme, bien que le PO et le SM puissent travailler en étroite collaboration, leurs rôles sont distincts : le PO se concentre sur le "quoi" (le produit), tandis que le SM se concentre sur le "comment" (le processus).
3- Story points vs heures
Estimer le travail nécessaire pour réaliser une tâche est un aspect essentiel de la planification et de la gestion du projet. Deux unités d'estimation sont couramment utilisées : les "story points" et les heures. Cependant, elles sont souvent confondues ou mal comprises.
- Les "story points" : Sont une unité d'estimation abstraite utilisée pour évaluer la difficulté d'une tâche. Ils prennent en compte plusieurs facteurs tels que la complexité de la tâche, les efforts nécessaires pour la réaliser et les éventuels obstacles ou incertitudes. Les "story points" ne sont pas liés à une durée précise, ce qui offre une certaine flexibilité et tient compte du fait que différentes personnes peuvent réaliser la même tâche à des vitesses différentes.
Ainsi, une user story de 13 points peut durer 3 jours et la suivante faire 8 points et durer 5 jours… - Les heures : Sont une estimation du temps réel qu'il faudra pour accomplir une tâche. Cette approche est plus traditionnelle et peut sembler plus intuitive, mais elle peut également être moins flexible. En effet, elle ne tient pas compte des imprévus ou des différences individuelles dans la vitesse de travail. Qui plus est, nous, les Hommes, avons en général beaucoup de mal à nous projeter dans cet exercice de projection…
En somme, le choix entre les "story points" et les heures dépend de l'équipe et du projet. Les "story points" peuvent favoriser une meilleure flexibilité et une meilleure capacité d'adaptation, tandis que les heures peuvent donner une vision plus précise du temps nécessaire pour réaliser une tâche.
4- Product backlog vs sprint backlog
Dans les projets qui fonctionnent avec le cadre Scrum, vous rencontrerez souvent deux types de backlogs : le backlog du produit (product backlog) et le backlog du sprint (sprint backlog). Bien qu'ils partagent le mot "backlog", ils servent des objectifs différents et sont utilisés à différents stades du processus de développement.
- Le product backlog : Est une liste exhaustive de tout ce qui pourrait être fait dans le produit. Il contient des fonctionnalités, des améliorations et des corrections à apporter, souvent exprimées sous forme de "user stories". Le Product Owner est responsable de la gestion de ce backlog du produit. Il comprend également la priorisation des éléments en fonction de leur valeur pour l'entreprise ou le client. C’est donc un artefact vivant !
- Le sprint backlog : Est un sous-ensemble du backlog du produit. Il s'agit d'une liste de tâches que l'équipe s'engage à réaliser lors du prochain sprint. Les éléments du sprint backlog sont déterminés lors de la réunion de planification du sprint, et sont choisis en fonction de leur priorité dans le product backlog et de la capacité de l'équipe. Cependant, il est important de noter qu'il peut y avoir des situations où l'annulation du sprint planning peut être nécessaire. Par exemple, si des changements majeurs surviennent dans les priorités du projet ou si des problèmes imprévus surviennent, l'équipe peut décider d'annuler le sprint planning pour revoir et ajuster le sprint backlog en conséquence.
En résumé, le product backlog est une vision à long terme de tout ce qui pourrait être fait, tandis que le sprint backlog est un engagement à court terme sur ce qui sera fait pendant le prochain sprint.
5- Sprint review vs sprint retrospective
A la fin de chaque sprint (ou itération), deux réunions importantes ont lieu : la Sprint Review et la Sprint Retrospective.
Ces deux événements sont essentiels pour le processus d'amélioration continue, mais ils ont des objectifs différents et sont souvent confondus.
- La Sprint Review : Se déroule à la fin du sprint et est une occasion pour l'équipe de présenter le travail accompli pendant le sprint à toutes les parties prenantes, y compris le Product Owner, l'équipe de développement et les utilisateurs ou clients. Cette étape est centrale dans la boucle de rétroaction agile, car elle permet un échange constructif autour du produit. L'objectif est de recueillir des commentaires sur le produit et de voir si les objectifs du sprint ont été atteints
- La Sprint Retrospective : Est une cérémonie interne à l'équipe qui se tient après la Sprint Review. Son objectif est d'examiner le processus de travail du sprint écoulé : ce qui a bien fonctionné, ce qui n'a pas fonctionné et comment l'équipe peut s'améliorer pour le prochain sprint. Elle est orientée processus et se concentre sur comment le travail a été fait
En somme, bien que la Sprint Review et la Sprint Retrospective aient lieu à la fin du sprint, elles servent des objectifs différents : la Review est une évaluation du produit et de la valeur délivrée, tandis que la Retrospective est une évaluation du processus de travail de l'équipe.
Comment éviter la confusion ?
La confusion autour de ce vocabulaire peut être un obstacle à une mise en œuvre efficace de la méthodologie. Pour éviter cette confusion, je vous recommande d’investir du temps sur ces différents aspects :
- La Formation continue : Assurez-vous que tous les membres de l'équipe ont une bonne compréhension de l'approche Agile et de ses termes. Cela pourrait impliquer des séances de formation formelles, des ateliers ou même des discussions informelles
- Une clarification régulière : Rappelez régulièrement la signification des termes et leur utilisation. Cela pourrait être fait lors des réunions d'équipe ou intégré dans le processus de travail
- Une documentation accessible et lisible : Avoir une ressource facilement accessible où les termes sont définis peut être très utile. Cela peut être sous forme de glossaire ou de guide de référence
- Une communication ouverte : Encouragez les membres de l'équipe à poser des questions s'ils sont incertains de la signification d'un terme. Une culture où les questions sont encouragées aidera à éviter les malentendus. Le fait de limiter les quiproquos évitera les tensions et frustrations
- Une utilisation cohérente : Utilisez les termes de manière cohérente et dans le bon contexte. Cela aidera à renforcer leur signification et à éviter toute confusion. En fin de compte, la clé pour éviter la confusion est une bonne communication, une formation continue et une utilisation cohérente du vocabulaire Agile
Impact de l'assimilation du lexique agile sur la performance d'équipe
Je vous conseille vivement de ne pas sous-estimer les effets d’une bonne compréhension du vocabulaire agile, celle-ci pouvant avoir un impact significatif sur la performance de l'équipe. Voyons de quelle manière…
- Une communication claire et précise : Quand toute l'équipe utilise le même vocabulaire et comprend ce que chaque terme signifie, la communication devient plus claire et plus précise. Cela réduit les malentendus et les confusions qui peuvent ralentir le processus de travail. La communication est ainsi améliorée
- Amélioration de l'efficacité de l'équipe : L’incompréhension génère frustration et immobilisme. Avec un vocabulaire partagé, l'équipe travaillera plus efficacement. Par exemple, si chaque membre de l'équipe comprend ce qu'est un "sprint" ou un "backlog", ils peuvent mieux planifier leur travail, s'adapter aux changements, s’engager vers des objectifs. L’efficacité de l’équipe s’en retrouve accrue
- Alignement sur les objectifs : En parlant d’objectif, les termes agiles ne décrivent pas seulement des tâches ou des processus. Ils décrivent aussi des objectifs. Comprendre ce lexique aide à assurer que tous les membres de l'équipe sont alignés sur les mêmes objectifs
- Culture d'amélioration continue : L'apprentissage et la compréhension du vocabulaire agile sont une partie intégrante de la culture d'amélioration continue promue par l'agilité. Chaque membre de l'équipe s'engage à apprendre et à s'améliorer, ce qui contribue à améliorer la performance de l'équipe dans son ensemble. La culture de l’amélioration continue se développe ainsi pour le bien du projet, de l’entreprise et de ses clients
Vous le constatez, une bonne compréhension du vocabulaire contribue à améliorer la performance de l'équipe de manière significative.
Conclusion
Dans le monde des projets dits agiles, comprendre le vocabulaire est bien plus qu'une simple connaissance des termes : c'est une clé pour déverrouiller une collaboration efficace, une communication claire et une livraison de valeur optimale.
En saisissant les nuances entre des termes tels que "Scrum" et "Kanban", "Product Owner" et "Scrum Master", ou "Product Backlog " et "Sprint Backlog", les équipes peuvent naviguer plus efficacement dans leurs projets et éviter les malentendus coûteux.
Il est important de noter que la formation et l'éducation autour de ce vocabulaire ne doivent pas être des événements ponctuels, mais plutôt un effort continu. Cela devrait être intégré dans la culture de l'équipe, favorisant une mentalité d'apprentissage continu et de croissance.
En fin de compte, l'objectif de comprendre et d'utiliser correctement ce vocabulaire n'est pas simplement d'être "correct" dans la terminologie, mais d'améliorer l'efficacité et l'efficience de l'équipe puisqu’une compréhension fluide se traduit par une meilleure communication, une meilleure collaboration et, en fin de compte, une meilleure performance de l'équipe. C'est une étape cruciale pour maximiser les avantages d’un fonctionnement en mode agile.