3 Compétences du chef de projet que l’IA ne peut remplacer

Pour un chef de projet, il est tout à fait légitime de se demander si l’Intelligence Artificielle pourrait un jour le remplacer. 

L’IA apporte un avantage indéniable avec sa capacité à résoudre des problèmes complexes et répondre aux questions les plus improbables en des temps records, enlevant ainsi beaucoup d’obstacles pour l’équipe projet. De quoi faire rougir de jalousie le meilleur des chefs de projet.

Tout de même, dans cet article, nous allons voir pourquoi l’IA ne pourrait pas remplacer à part entière un chef de projet.

Nous allons attaquer le sujet par les aspects que l’IA ne saurait remplacer chez un chef de projet, à savoir le pouvoir de la prédiction, la prise de décision et la force des émotions.

Selon une étude récente, sur l’ensemble des responsables de projet français consultés, 42 % disent avoir recours à l'IA pour soutenir leurs opérations, plaçant la France parmi les trois pays européens où l’intelligence artificielle appliquée à ce domaine est la plus employée.

Néanmoins, malgré cette adoption croissante, certaines aspects sont propres à l'humain que l'IA ne peut pas remplacer.

1) Prédiction

La gestion de projet est en principe une discipline qui transforme des idées en réalité. 

Mais avant de passer à la réalisation, entre l’avant-projet – là, où vous percevez l’opportunité – et la planification – où vous concevez le « quoi », le « quand » et le « comment » — il y a beaucoup de prédictions à faire. 

Être un meilleur chef de projet, c'est aussi avoir la capacité de bien prédire l’avenir en améliorant la qualité des informations utilisées et de stimuler son équipe pour imaginer les différents scénarios potentiels. 

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1.1) Planifier c’est prédire l’avenir

Planifier un projet, n’est pas le simple fait de générer un diagramme de Gantt et un plan de management de projet. 

L’IA peut faire mieux que vous sur ces deux volets en quelques secondes seulement. 

Mais ici, la vitesse n’est pas le seul critère.

Car planifier c’est, avant tout, savoir où trouver la bonne information et pouvoir juger de son niveau de qualité et de fiabilité. 

Alors l’IA pourrait avoir accès à toutes les bases de données de l’entreprise.

Cependant, elle manquerait de l’intuition d’aller chercher des informations là où elle juge qu’il est improbable ou impossible d’en trouver.

Planifier c’est aussi générer des idées hors des sentiers battus.

Une compétence que l’on acquiert avec le temps et avec une diversification des expériences sur différents projets. 

L’IA dépasse l’être humain dans la génération d’une infinité de nouvelles idées. 

Mais dans les projets, souvent l’infinité ne sert à rien.

Et on a souvent besoin de l’idée avec grand « I », la seule et unique nécessaire pour une situation spécifique.

1.2) Des connaissances invisibles pour l’IA

L’IA aurait du mal à remplacer le chef de projet à cause de son manque de connaissances.

On parle bien ici des connaissances dites tacites. 

Des « connaissances personnelles qui peuvent être difficiles à exprimer et à partager, comme des croyances, des expériences et des intuitions » - PMI®, PMBOK 6. 

Sur cet aspect, le chef de projet a une longueur d’avance sur l’IA, car l’on dit bien que « la connaissance est le pouvoir ».

Des exemples de connaissances tacites sont :

Tous ces éléments, à fort impact sur le projet, peuvent être détectés et assimilés par le chef de projet, mais pas par l’IA.

1.3) L’IA vit dans une caverne de connaissance

Au-delà des connaissances tacites, le chef de projet surpasse l’IA grâce à son accès à une vaste quantité de savoirs essentiels situés hors du cadre interne du projet et de l’entreprise.

Si l’IA peut optimiser l’utilisation des données internes de l’entreprise, elle reste néanmoins aveugle à ce qui se passe en dehors de cet environnement.

Réduire un projet aux seules informations explicites et internes, ferait de l’IA un piètre chef de projet.

Quand même, placer le projet dans son contexte externe fait partie des b.a.-ba d’une bonne gestion de projet.

Cette cécité face aux connaissances externes ajoute un inconvénient à l’IA qui pourrait être fatal pour le projet.

L’IA, même si elle était très puissante, ne pourrait prévenir certains chocs qu’un chef de projet pourrait pressentir facilement grâce à son intuition et/ou sa lecture de l’environnement externe.

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2) Décision 

Gérer un projet, c'est le mener pas à pas de son début jusqu’à sa clôture en prenant chaque jour des décisions. 

Mais contrairement aux opérations, dans un environnement de projet, les décisions sont souvent irréversibles. 

Revenir sur une décision coûte parfois trop cher.

Mais prendre une décision n’est pas seulement choisir une option parmi d’autres en fonction des chances de réussite du projet.

2.1) L’éthique de la décision

En tant que chef de projet, vous aurez à prendre des décisions difficiles.

Des décisions nécessitant l’adhésion à certaines valeurs humaines comme l’intégrité, l’impartialité, le respect, loyauté, etc. 

Alors certains diront qu’une machine (l’IA) prendrait mieux des décisions éthiques en évitant, tout simplement, une liste d’actions jugées non-éthiques.

Mais là, il s’agit de comprendre certaines nuances du contexte que l’IA ne saurait assimiler. 

Même dans les textes de loi les plus verrouillés, on arrive à trouver toujours de petites lacunes d’interprétation que seul un humain détectera.

2.2) Une décision, une conséquence

Toute décision a des conséquences tangibles et intangibles et sur le court, moyen et long terme.

Une IA pourrait donner une multitude de conséquences potentielles à la suite d'une action. 

Mais elle sera incapable d’éviter une conséquence identifiée en dehors de l’organisation et/ou du projet ou bien une conséquence – même très grave – fraichement identifiée et pas encore intégrée dans sa base de données. 

Par contre, un chef de projet serait plus à même de peser les conséquences d’une décision sur plusieurs dimensions de son projet en étant aidé par son équipe et par l’IA.

2.3) Une décision, une responsabilité

Prendre des décisions engage celui qui décide et en découle une responsabilité vis-à-vis des conséquences qui vont s'ensuivre.

La responsabilité est morale, mais peut aussi être juridique. 

La question qui se pose alors : « Comment allons-nous faire face à une IA qui a pris une mauvaise décision aboutissant à des dégâts humains et matériels ? ».

L’IA est un outil puissant d’aide à la décision, mais ne pourrait remplacer un chef de projet, car elle ne peut être redevable et responsable de ses décisions.

Et un chef de projet qui ne décide pas n’est pas un chef de projet !

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3) Émotion

Gérer un projet, c'est mener une équipe d’être humains.

Et ces humains, à part leur intelligence et leur force de travail, ont des émotions, des ambitions, des rêves, des connaissances tacites et des carrières à développer. 

Pour les mener, vous avez besoin non seulement de l’intelligence cognitive qu’offre l’IA, mais de bien plus que cela.

3.1) L'intelligence émotionnelle 

Nul besoin de rappeler que pour gérer une équipe, l’intelligence émotionnelle est clé. 

Ce type d’intelligence fait défaut à l’IA, ce qui fait d’elle un mauvais chef de projet. 

L’IA peut détecter les émotions, mais ne peut les ressentir.

Et pour les êtres humains, comme en communication, nous savons quand est-ce que nos émotions sont parvenues à la personne en face et on ressent son feedback émotionnel.

Une IA peut aussi simuler les interactions humaines, mais ne peut afficher autant de spontanéité qu’un être humain.

Ce qui pourrait détériorer les relations avec les membres de l’équipe projet, s’il arrive que le chef de projet soit une IA.

L’IA n’a pas de conscience, ni des autres, ni d’elle-même.

C’est juste un ensemble d’algorithmes hautement performants qui se mettent en marche, et qui modélisent les membres de l’équipe projet par un nombre fini de paramètres mesurables. 

Elle va par la suite personnaliser les interactions avec chacun d’eux. 

Cela aboutirait, sans aucun doute, à un désengagement de l’équipe face à un chef de projet IA inconscient. 

Vous le savez déjà, un être humain est bien plus complexe pour être réduit à un modèle mathématique !

3.2) Le pouvoir de l'expertise

Un chef de projet peut utiliser plusieurs formes de pouvoirs pour faire faire à son équipe les activités du projet.

Parmi, les types de pouvoir existant, il y a le pouvoir de l’expertise. 

Le chef de projet acquiert ce pouvoir en étant expert technique ou bien expert dans la gestion de projet.

Mais l’expertise n’est pas seulement l’accumulation d'années d’expérience et des connaissances. 

L’expertise, c'est de l’expérience, appuyée par des connaissances transformées selon les contraintes du contexte et combinées à une lecture critique de l’environnement des risques.

L’IA pourrait absolument faire un meilleur usage des informations à sa disposition. 

Par contre, elle ne pourrait pas rivaliser contre un chef de projet expert qui sait interpréter les nuances de chaque information à sa disposition.

3.3) Le pouvoir du networking et du lobbying

Un chef de projet est aussi un ambassadeur de son projet.

Il en parle, il le vend aux différentes parties prenantes clés et il engage les parties influentes pour le protéger. 

Cela nécessiterait une certaine habileté dans la gestion des relations interpersonnelles et fait appel aux compétences du networking et du lobbying. 

Faire du networking et du lobbying, demande du temps et de l’effort pour pouvoir créer et consolider un réseau et de la maintenir à long terme.

Souvent, c'est basé sur l’appartenance à un groupe ou le principe du « donnant-donnant ».

L’idée de base, c'est de transmettre le bon message au bon moment et à la bonne personne afin d’engager plus de forces actives au profit du projet.

Et tout cela ne pourrait se faire avec une IA.

Encore une fois, l’IA ne pourrait rivaliser avec un chef de projet sur ce niveau, car les relations humaines existent dans la réalité et pas dans le monde virtuel des serveurs.

Conclusion

L’IA est un meneur qu’on peut débrancher !

Enfin, un chef de projet est un meneur de forces humaines qui doit accompagner son équipe, lui être visible et avoir un impact positif sur elle. 

Avoir une IA pour chef de projet, c'est avoir un meneur que l’on peut débrancher !

  • PMBOK6 – Project Management Body of Knowledge V6 – PMI
  • Repenser le management de projet pour un avenir durable, éditions AFNOR

Mehdi ELGUARNI

A propos de l'auteur

Fondateur d’OWLIRIS, cabinet de formation en Management de projet. Il est diplômé de l’ENSAM et de l’ENPC.
Il est coauteur de l'ouvrage Repenser le management de projet chez les éditions AFNOR et formateur en management de projet.
Fort de plus de 10 ans d'expérience terrain, il a travaillé dans les secteurs de la chimie lourde et de l'énergie.
En savoir plus sur Mehdi et ses publications

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