Résistance au changement face à une transformation agile : Causes et bonnes pratiques

Aujourd’hui , il est impossible de passer à côté de l’agilité, c’est l'approche favorite des temps modernes. 

Être agile, devient tendance et beaucoup d’entreprises se laisse séduire. Les entreprises cherchent constamment à s'adapter et à se réinventer. 

Pourtant, malgré ses avantages évidents, mettre en place l’agilité fait souvent face à l’incompréhension et la résistance des équipes. 

Dans cet article, nous comprendrons les racines de cette résistance et identifierons des stratégies pour la surmonter, cela ouvre la voie à une transformation plus fluide et réussie vers l'agilité.

Comprendre la résistance au changement

La résistance au changement est un phénomène psychologique et organisationnel où les individus ou les groupes ne veulent pas modifier leur environnement habituel ou leurs méthodes de travail.

Ils sont dans un confort et ont peur du changement. 

Cette résistance peut prendre diverses formes, allant de l'opposition passive, comme l'ignorance ou le retard dans l'exécution des tâches, à une opposition active.

En évitant d’adopter le changement, cela peut emmener à des abondons ou à une mauvaise adoption.

Les origines de cette résistance sont multiples, elles peuvent être liées à :

Dans le contexte des projets agiles, cette résistance est plus forte car l'adaptabilité et le changement continu défient perpétuellement les routines établies et les zones de confort.

En effet, les membres d'une équipe habitués à un processus de développement en waterfall peuvent se montrer réticents à adopter des méthodes agiles, perçues comme moins structurées et plus imprévisibles. 

De même, les rôles bien définis dans les approches traditionnelles peuvent entrer en conflit avec les rôles plus fluides et collaboratifs exigés par l'agilité.

Un autre exemple peut être observé dans la réticence à adopter des outils agiles ou des pratiques spécifiques de l'agilité, comme les Daily meetings ou les sprints

Ces méthodes, bien que conçues pour améliorer la communication et l'efficacité, peuvent être perçues comme :

  • Intrusives ou superflues par ceux qui ne sont pas habitués à de telles approches
  • Des façons de surveiller leur travail ou de leur demander d’être toujours plus productif. Cela peut aussi mettre la pression à certains ou leur faisant perdre leur indépendances

Toutes ces conséquences de la mise en place d’un cadre agile sont autant de raisons d’y résister.

kit-Gestion de changement

Modèle de Gestion de changement

Définissez la démarche de conduite au changement

Défis de l'adoption de l'agilité

Les individus s'identifient à leurs rôles, responsabilités et processus au sein d'une organisation.

Cette identification, dite fonctionnelle, est souvent le résultat d'une longue période d'acclimatation et d'adaptation à un environnement de travail spécifique, où des routines et des normes sont établies et intériorisées.

Dans un cadre de projet traditionnel, les rôles sont généralement bien définis et segmentés, ce qui peut conduire à une forte identification fonctionnelle.

L'adoption de l'agilité dans les projets peut être entravée car elle remet en cause ce qui a été préalablement été mis en place.

1) Redéfinition des rôles

Premièrement, l'agilité, avec son accent sur la flexibilité des rôles et la collaboration interfonctionnelle, remet en question les frontières traditionnelles des rôles. 

Exemple :

Dans un cadre agile, un développeur peut être amené à participer activement aux décisions de conception, tandis qu'un membre de l'équipe traditionnellement en charge de la gestion peut devoir adopter un rôle plus collaboratif et moins directif, en se focalisant sur la facilitation et le soutien plutôt que sur le contrôle.

2) Changement des processus de travail

Deuxièmement, le passage à l'agilité, avec ses méthodes comme Scrum ou Kanban, peut augmenter le risque de surmenage en changeant les routines de travail. Il est crucial de gérer ce risque efficacement.

Les méthodes agiles, comme Scrum ou Kanban, introduisent de nouvelles pratiques (sprints, stand-ups, tableaux Kanban) qui diffèrent radicalement des méthodes traditionnelles. 

Pour les membres d'équipe fortement identifiés à leurs méthodes de travail habituelles, ces changements peuvent être perçus comme déstabilisants ou menaçants.

préparation certification PSM I
Certification scrum PSM I

3) Adaptation et apprentissage continus 

Enfin, l'agilité met l'accent sur l'apprentissage continu et l'adaptation, ce qui peut être intimidant pour ceux qui se sentent sécurisés et compétents dans leurs rôles actuels. 

La perspective de devoir acquérir de nouvelles compétences ou de s'adapter à des dynamiques de groupe changeantes peut générer de l'anxiété et de la résistance.

Stratégies pour surmonter la résistance

Voici un ensemble des stratégies pratiques pour créer un environnement  de travail agile optimisé.

1) Communication claire et transparente

Une communication claire est essentielle pour gérer la résistance au changement. 

Il est important de communiquer :

  1. Les raisons du changement
  2. Ses avantages potentiels
  3. Comment il affectera chaque membre de l'équipe

2) Organisation des sessions de formation régulières

Organiser des sessions de formation régulières peut aider à :

  1. Démystifier les méthodes agiles
  2. Renforcer la confiance des équipes dans leur capacité à s'adapter à de nouvelles méthodes de travail

3) Travail collaboratif avec l'équipe

Les leaders de projet jouent un rôle crucial dans la facilitation du changement. 

Ils doivent non seulement prêcher par l'exemple en adoptant eux-mêmes des comportements agiles, mais aussi fournir un soutien constant à leurs équipes.

Cela inclut :

  • L'écoute active des préoccupations
  • La fourniture de feedback constructif
  • La célébration des petites victoires pour renforcer l'engagement envers le changement

4) Introduction progressive de l'agilité

Introduire l'agilité par étapes peut aider à minimiser la résistance.

Commencer par de petits changements et augmenter progressivement le niveau d'agilité, permet aux équipes de s'adapter à un rythme confortable.

Exemple :

On peut commencer par implémenter des stand-ups quotidiens avant de passer à des sprints complets ou à l'utilisation de tableaux Kanban.

5) Reconnaissance et valorisation des contributions 

Dans le nouveau cadre agile, il est essentiel de reconnaitre et de valoriser la contribution de chaque membre de l'équipe pour maintenir un engagement et une motivation élevés.

Cela peut impliquer de :

  • Reconnaître les efforts d'adaptation
  • Célébrer les réussites individuelles et collectives
  • Encourager l'initiative et l'innovation au sein de l'équipe

6) Adoption des méthodologies d'accompagnement

L'accompagnement de la conduite du changement est une discipline cruciale en gestion de projet, surtout dans un contexte où l'adaptabilité et la flexibilité sont devenues des compétences clés.

Cette discipline englobe diverses méthodologies, en voici quelques-unes les plus reconnues :

Il est important de comprendre ces différentes approches pour choisir celle qui convient le mieux à votre situation spécifique.

Cela vous permettra de gérer le changement de manière plus efficace et empathique, en tenant compte à la fois des aspects pratiques et humains du processus.

Intéressant à noter :

Certaines de ces méthodologies trouvent leurs racines dans des concepts psychologiques, comme les cinq étapes du deuil établies par Elisabeth Kübler-Ross.

Ce modèle est particulièrement utile pour planifier et exécuter le changement de manière structurée, en s'assurant que chaque étape est soigneusement gérée et adaptée aux besoins spécifiques de l'organisation et des individus impliqués.

La corrélation entre les étapes de la conduite du changement et les cinq étapes du deuil (déni, colère, négociation, dépression, acceptation) est fascinante.

Bien que les contextes soient différents, les réactions humaines face au changement et au deuil présentent des similitudes.

Dans les deux cas, les individus traversent des phases d'ajustement émotionnel et cognitif.

Comprendre ces parallèles peut enrichir votre approche de la gestion du changement.

En tant que gestionnaire de projet, reconnaître et adresser les réactions émotionnelles et psychologiques au changement est aussi important que de gérer les aspects techniques ou organisationnels.

Cela peut non seulement faciliter une transition plus douce, mais aussi contribuer à un environnement de travail agile favorable.

Conclusion

La transition vers des méthodes de travail agiles est un défi majeur en raison de la résistance au changement.

Pour surmonter cette résistance, des stratégies telles que la communication transparente, le leadership exemplaire et la valorisation des contributions individuelles sont essentielles.

Ces stratégies ne sont pas seulement des moyens de gérer la résistance au changement, mais aussi des leviers pour renforcer la cohésion d'équipe, stimuler l'innovation et améliorer l'efficacité globale.

En tant que chefs de projet, notre rôle s'étend à l'évolution de nos équipes. L'agilité, en tant que culture transformative, convertit les défis en opportunités, augmentant ainsi le succès des projets. Il est crucial d'appliquer ces stratégies dans vos propres projets pour naviguer avec succès dans la gestion de projet moderne.

L'agilité est aujourd'hui incontournable, mais sa mise en place nécessite un accompagnement pour être efficace. Les entreprises doivent être conscientes de l'importance de l'adaptabilité au changement, influencée par les valeurs et les croyances de l'organisation. La communication joue un rôle clé, soulevant des questions sur les meilleures pratiques et stratégies pour les gestionnaires de projet.

Enfin, l'évolution des technologies et des outils de gestion de projet offre de nouvelles méthodes pour faciliter le changement et l'agilité. Intégrer efficacement ces avancées technologiques dans les stratégies de gestion du changement constitue une question à explorer.

Mirvet Mtimet

A propos de l'auteur

Chef de Projet et PMO certifiée PMP®, a une expérience solide en gestion de projet, en tant que manager ensuite responsable de département dans diverses industries telles que les transports, l’informatique, la banque, le luxe ou les télécom. Elle n’hésite pas à faire part de son expérience et de son recul autant pour les professionnels débutants ou expérimentés que les entreprises.
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